Peut-on faire de la GEPEC aujourd’hui pour les métiers de l’expertise ? Une contribution de François Fort (CEO de RIST, enseignant chercheur à l’Université Paris Dauphine)

 

La GEPEC s’est affirmée en France dans les années 80 comme philosophie et ensemble méthodologique, à une époque où les grands bouleversements des organisations s’intensifiaient et mettaient à mal les salariés et ces organisations elles-mêmes. L’association Développement et Emploi, qui a été un acteur majeur de ce déploiement, publiait dés 1983 un ouvrage précurseur appelé « l’Emploi dans la Stratégie Economique de l’Entreprise », et son ouvrage de 1990 (« La Gestion Prévisionnelle et Préventive des Emplois et des Compétences ») rencontra un énorme succès.

 

La GEPEC comme moyen de faire face à une accélération des transformations et des incertitudes, certes, mais qu’en est-il aujourd’hui où les scénarios prospectifs semblent battus en brèche par le premier Covid venu ? Une question lancinante, qui n’a pas attendu notre actuelle pandémie pour être posée, surtout lorsque l’on parle d’un public ultra sensible qu’est celui des experts.

 

Idées jusqu’ici communément acceptées concernant le métier d’expert : celui d’agents qui construisent leur compétence sur de longues périodes, qui sont ultra précieux pour leur organisation,  qui constituent des facteurs de différenciation majeurs. Un mélange explosif de paramètres face aux nouvelles donnes de la prospective : rapides tendances d’évolution plus ou moins prévisibles (i.e. le réchauffement climatique et les impératifs de consommation CO2 qui en découlent) et chocs quasi imprévisibles (pandémies, ruptures macroéconomiques, écroulements ou fusions d’organisations, percées technologiques soudaines, etc.)

 

RIST travaille sur les problématiques du management des experts et des expertises depuis plus de quinze ans, en partenariat avec de nombreux acteurs internationaux majeurs, et arrive à la conclusion qu’il faut faire face à trois grands mouvements qui se combinent :

 

  • les évolutions sociétales qui font se transformer rapidement les modes de travail, les relations au « chef », à l’équipe projet, à l’organisation d’appartenance, à la science, à la connaissance, et du coup les attentes et modes de fonctionnement des/soumis aux experts et le contenu même de leurs métiers
  • le rythme d’évolution des besoins en expertise, soumis aux raccourcissement des cycles de vie scientifiques et technologiques, à l’interpénétration de cycles courts et de cycles longs, aux ruptures évoquées plus haut
  • l’émergence de plus en plus rapide de nouvelles technologies dans le monde, des recombinaisons de technologies, avec de nouveaux clusters, de nouveaux hot spots partout dans le monde, de nouveaux axes d’intérêt stratégique.

 

En naissent une trentaine d’enjeux majeurs de pilotage, avec la nécessité à la fois de stabiliser des compétences d’expertise au cœur du présent et du futur, et d’accélérer la construction et le recyclage des compétences plus périphériques du futur.

 

Le programme RIST : moins d’ambition de prospective long terme, sans l’abandonner mais en utilisant les approches des scénarios extrêmes, et plus de pilotage à court/moyen terme en accroissant massivement la flexibilité.

 

Cela se déploie avec  nos méthodes des scénarios extrêmes, nos plans de formation « Expert’s Second Life » (redéploiement de carrière d’un expert), nos méthodes AxPert V3 pour les cartographies des expertises à 3 ans et l’accélération d’acquisition de compétences d’expertise.

 

François Fort