#7 – Quelles fonctions support face à la crise des cadres de proximité et des opérationnels ?
Le projet SOPAMAP: Support des opérationnels Et du management de proximité
Par Sophie Grünfelder et François Fort
Contexte général
Les mouvements d’optimisation des grandes organisations, et en particulier leur concentration plus ou moins rapide, provoquent plusieurs phénomènes qui se combinent et font émerger des syndromes particuliers au niveau du pilotage et de la réalisation concrète des opérations. Ce sont ces syndromes, leurs causes et les moyens de les combattre qui constituent l’objet du projet Sopamap.
D’une part, les ressources managériales, semble-t-il, ont tendance à se concentrer dans les sommets stratégiques, dans un objectif de pilotage de grands ensembles hétérogènes qu’il s’agit de mettre en cohérence pour rentabiliser l’investissement organisationnel. Cette couche managériale renforcée, soumise à ces impératifs stratégiques, a peu de temps à consacrer au détail des opérations qu’elle connaît mal.
D’autre part, le management de proximité, dont les effectifs s’amoindrissent, voit sa tâche se complexifier, puisqu’il lui faut coordonner un travail entre acteurs d’origines différentes, sur des lieux géographiques qui se multiplient, dans un contexte stratégique et organisationnel mouvant, sur lequel ils ont peu de prises, piloté par des acteurs-stratèges ne pouvant avoir, comme nous l’avons dit, qu’une vue lointaine des problèmes de terrain.
Ce qu’on pourrait qualifier en premier abord de « réflexe organisationnel » se manifeste alors, qui consiste pour le sommet stratégique à essayer de renforcer le contrôle du terrain par la procédure. Alors que les acteurs de terrain pourraient tenter, s’ils avaient une forte latitude d’action, de résoudre la crise par un effort d’ajustement mutuel et de mise en place d’outils de gestion « par le bas », des injonctions et des outils de gestion souvent peu portés par le management de proximité, nés de fonctions support « régaliennes » peu coordonnées, finissent de créer les conditions de grandes difficultés organisationnelles.
Sur le terrain, on trouve des acteurs isolés (managers de proximité et opérationnels), peu coordonnés, pris dans des injonctions contradictoires, sans appui local, ne pouvant éviter la désorganisation des projets et des process.
Parallèlement, les statistiques QVT se dégradent, tant au niveau des cadres de proximité (on parle abondamment de la « crise des cadres intermédiaires ») que des opérationnels. Si, en 2020 en France on ne meurt plus ou on ne se blesse plus dans les usines sidérurgiques comme dans les années 50, il n’en reste pas moins que la santé se situe au cœur des problématiques fortes du travail. Ainsi, il est noté une convergence des enquêtes à la fois universitaires et de vulgarisation concernant l’accroissement des problèmes de santé mentale au travail.
Au total, ces différents phénomènes constituent autant d’hypothèses constitutives de ce qu’on a évoqué sous le vocable de « syndrome », et on peut les résumer sous la forme d’un modèle intégrateur qui reste en partie à tester.
Contexte de la recherche – focus
Le TAO TANK© est un think tank d’inspiration « fondation », hébergé par RIST, ayant comme vocation de construire collectivement une représentation des fonctions support du Futur (systèmes d’info, GRH, contrôle de gestion, achats, fonction innovation, fonction transformation…)
Les syndromes décrits plus haut interpellent doublement ces fonctions support, à la fois dans leur rôle de technostructure et dans celui de support des opérationnels.
Il a donc été décidé par les instances de gouvernance du TAO de bâtir l’un des huit axes de TAO2 (2020 – 2023) autour de cette problématique et de mener le travail sous forme de recherche-intervention. Pour cela, le TAO bénéficie de son partenariat étroit construit avec le Pôle Santé d’HEC Montréal, qui étudie, grâce à des dispositifs quantitatifs, les conditions de création de qualité de vie au travail à grande échelle (sociétale, politique, gouvernementale, managériale…).
Ces études ont déjà donné lieu à la création d’outils (questionnaire à 50 entrées élaboré par Denis Chenevert) ayant vocation à trouver les bonnes questions à adresser (notamment aux fonctions support et aux middle-managers) afin d’évaluer un profil de risque SST.
Objet de la recherche SOPAMAP
Phase 1
Grâce à ces études lourdes menées au Québec et à la bibliographie abondante sur au moins une partie des compartiments et interactions du modèle intégrateur, nous espérons pouvoir rapidement disposer d’une méthodologie abductive (à la fois inductive et déductive) pour aborder rapidement un terrain donné et le caractériser.
Ce travail de recherche est lancé avec une chercheuse de RIST, Sophie Grünfelder, qui bénéficie du tuteurât académique de Loris Guéry (Université de Lorraine) et du soutien de Denis Chênevert (Pôle Santé – HEC Montréal).
Phase 2
Une recherche multi terrains sera menée ensuite en utilisant la méthode mise au point antérieurement, permettant à la fois de préciser le modèle intégrateur, d’améliorer la méthodologie et de constituer un échantillon à la fois intéressant et intéressé à poursuivre avec nous.
Phase 3
Il s’agit du cœur de la démarche puisque permettant d’aborder, avec les interlocuteurs de l’échantillon, la question des rôles des fonctions support face à des situations plus ou moins préoccupantes. Nous utiliserons alors la technique de focus groups, nous servant de nos analyses antérieures comme d’artefacts.
Réactions ? Intérêts, souhait d’être partie prenante ? Témoignage ?
contact@rist-groupe.fr
Prochain envoi vendredi 17 avril à 16H, avec une chronique qui s’appellera : « Support Psy, pour aider les DRH face aux acteurs difficiles – un groupe expérimental du TAO TANK2 », par Vincent Loury (consultant et formateur, intervenant de l’Ecole de Palo Alto)
Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un bon confinement, une belle prudence, du courage et de l’audace dans la préparation de l’action à venir !
L’équipe RIST