Nos espaces temps de travail en sortie de crise? Une contribution de Elisabeth Pelegrin-Genel (architecte, psychologue du travail, consultante RIST)
Vivement demain !
Quittant précipitamment à la mi-mars des open space méprisés, on s’est immobilisé pour initier, sans préparation, un méga-test de télétravail, avec quelques challenges que personne n’aurait osé imaginer : vérifier la solidité des couples en les enfermant ensemble 24/24, tester leurs capacités d’organisation et de garde d’enfants avec obligation de faire école et interdiction de se défausser sur une baby-sitter, une sortie ou un entraînement sportif.
Ce test effectué pendant un temps long sur des millions de travailleurs permettra de vérifier quelques hypothèses : Il sera pertinent pour identifier clairement les futurs « haut potentiel », capable d’assurer en situation de crise. Ils déconfineront frais et dispos, sans signes dépressifs, le cheveu propre et coupé, la silhouette encore élancée.
Il permettra de conforter des dispositifs d’aménagement du temps du monde d’avant :
L’open space, par son essence même, facile à densifier, sera tout aussi aisé à dé-densifier pour respecter la distanciation sociale, en changeant simplement l’organisation, avec un dédoublement des équipes présentes et chacun prendra ses aises dans un espace silencieux. Le rêve ! Le flex office, à savoir pas de poste attribué mais en contrepartie un peu de télétravail, a joué un rôle important dans ces nouveaux apprentissages. Bien sûr, les multiples bulles de concentration, de convivialité, de petites réunions qui parsèment les open space (en flex ou non) sont obsolètes. Elles incitent à des rapprochements physiques devenus intolérables. On pourra toujours les donner aux salariés pour équiper leur domicile d’un espace confortable dédié au travail.
Et le coworking ? S’il arrive à se relever d’une fermeture aussi longue, il est promis à un avenir radieux, avec quelques aménagements mineurs pour maintenir la distanciation sociale. Le travail près de chez soi dans des lieux adaptés pourrait devenir la nouvelle norme. Chacun souhaitera éviter les transports en commun et sortir un peu de chez lui pour retrouver une ambiance plus collective.
Elisabeth Pélegrin Genel